Les premiers développements. En 1160, Amadieu, seigneur de Saint-Macaire et ami de Géraud, fit appel à des moines, les Grandmontains, pour poursuivre l'œuvre mariale de l'ermite. Ces moines restèrent à Verdelais jusqu'au milieu du XVIe siècle. Ils bâtirent un couvent et une chapelle près de l'ermitage du vénérable Géraud afin de perpétuer le culte marial. Faisant partie du duché d’Aquitaine contrôlé par la dynastie Plantagenêt, le lieu bénéficia d’une charte de protection signée par le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion en 1190. En 1253, le roi Henry III vint entendre la messe en ce lieu et donna cent pièces d’or en l’honneur de la Vierge Marie.
Un premier prodige. En 1357, pendant la guerre de Cent Ans entre les Français et les Anglais, la chapelle est pillée et incendiée… Mais la statue de la Sainte Vierge est cachée et enfouie sous terre, dans un caveau maçonné. D’après la tradition, vers 1390, la comtesse Isabelle de Foix (1360-1428) en allant visiter ses terres et en traversant les bois, trouva la cache de la statue. « La mule qui portait la Comtesse de Foix s’arrêta sans pouvoir avancer ou reculer, et enfonça un de ses pieds de la profondeur de 4 ou 5 pouces dans une pierre fort dure où elle imprima la figure de son fer. » « Cette dame, surprise d’un tel prodige, descendit aussitôt et fit lever cette pierre, dessous laquelle se trouva la statue en bois, bien conservée, sans altération… »La statue de Notre-Dame de Verdelais est ainsi retrouvée au « Pas de la mule » par la Comtesse de Foix, qui fait reconstruire la chapelle et la confie de nouveau aux Grandmontains. Les actes notariés de l’époque parlent de « Nostra Dona deu Luc » ou de « Nostra Dona de Berdelaye » (Verdelais en occitan). Verdelais finira d’ailleurs par devenir le nom de la commune à la place d’Aubiac.
Des miracles et des pèlerinages. Après les troubles des guerres de Religion et le départ définitif des moines Grandmontains, la chapelle et le cloître tombèrent en ruines vers 1604, même si l'exercice du culte continuait occasionnellement. De nombreuses guérisons inexpliquées s'opérèrent pourtant : le premier miracle connu avait eu lieu dès 1185, lorsqu'un jeune homme, aveugle de naissance, recouvra la vue lors d'une messe à Verdelais, et plusieurs guérisons inexpliquées continuaient de se produire. Devant l'accroissement permanent des pèlerinages, le cardinal François de Sourdis confia en 1625 le sanctuaire de Verdelais aux moines Célestins. Ces derniers entreprirent de grands travaux de restauration et d'agrandissement qui donnèrent au sanctuaire son aspect baroque. Ils agrandirent les propriétés foncières de Verdelais et pratiquèrent de nombreuses aumônes envers les pauvres de la région.
Un lieu de plus en plus visité. Durant le XVIIIe siècle, Verdelais devint le sanctuaire marial le plus populaire de toute la Guyenne. C'est de cette époque que datent les premiers ex-voto qui aujourd'hui recouvrent les murs de la basilique. Au moment de la Révolution, les moines furent dispersés et le couvent vendu, mais le dernier Célestin, le Père Ricard, continua de veiller sur la chapelle jusqu’à sa mort en 1800. Le culte fut officiellement restauré après le Concordat de 1801. En 1838, le cardinal Ferdinand Donnet (1795-1882) fit appel aux Pères Maristes, qui, à leur tour, entreprirent 30 années de grands travaux : bas-côtés, clocher, chemin de croix et calvaire. Leur travail donna au sanctuaire de Verdelais l’aspect qu’il a conservé jusqu’à nos jours. Les Maristes installèrent une école, puis un pensionnat, et relancèrent la confrérie de Notre-Dame Consolatrice des Affligés, qui comptera jusqu’à 50 000 adhérents.
Le couronnement de la Vierge et l’Enfant. Entre 1819 et 1883, 133 cas de miracles ont été recensés. La Vierge guérit des paralytiques, des sourds, des muets, des aveugles, protège des épidémies, sauve des marins en détresse, suscite des conversions… Le pape Pie IX offrit des couronnes d’or placées sur les têtes de la Sainte Vierge et de l’Enfant Jésus de la statue de Notre-Dame de Verdelais. Le couronnement eut lieu le 2 juillet 1856, fête de la Visitation, en présence de 8 évêques, de 400 à 500 prêtres et de 30 000 pèlerins. En 1924, le pape Pie XI érigea le sanctuaire de Verdelais en basilique mineure.
Les communautés à Verdelais. En 1990, les Passionistes prirent la suite des Maristes jusqu'en 2007, puis le cardinal Jean-Pierre Ricard fit appel aux Marianistes, congrégation fondée en 1817 à Bordeaux par le père Guillaume-Joseph Chaminade (1761-1850). C'est désormais un prêtre diocésain qui est recteur du sanctuaire : l’abbé Jean-Christophe Slaiher, accompagné par un chapelain, l’abbé Pierre Seguin, et par trois Sœurs Passionistes de saint Paul de la Croix (depuis janvier 2019).
Marie, « Consolatrice des affligés ». Aujourd'hui, ce sont environ 30 000 personnes qui viennent chaque année à Verdelais prier la Sainte Vierge sous le beau vocable de « Consolatrice des affligés ». Le Chemin de Croix qui mène au sommet du mont Cussol rappelle aux pèlerins que Marie est pleine de compassion et de tendresse pour ceux qui l'invoquent car elle a elle-même connu l'affliction suprême. Elle est témoin et servante de la grande consolation que Dieu a promis à son peuple, même dans les situations les plus désespérées. Elle nous conduit à goûter à la miséricorde, à la tendresse et à la consolation qui vient du Père, et dont le premier don consolateur est son Fils Jésus.
Le sanctuaire aujourd’hui. Encore de nos jours, beaucoup de visiteurs sont touchés lorsqu'ils entrent dans la basilique : les innombrables ex-voto (certains ont été posés ces dernières semaines !) sont autant de témoignages d'afflictions consolées, de souffrances guéries, dépassées, transfigurées.Un ex-voto en témoigne : en 1635, la fille du procureur de Virelade (petite commune qui compte aujourd’hui environ 1000 habitants), après trois visites à Notre Dame, recouvre la vue dont elle était privée, dans l’église de Verdelais, au moment où le prêtre lit l’Évangile de la messe célébrée à son intention.