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Redécouvrons le passé:
1947 /Joséphine Bakhita, la sainte africaine

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BULKO

1947

Joséphine Bakhita, la sainte africaine

Joséphine Bakhita, la sainte africaine
Joséphine Bakhita (1869-1947), ancienne esclave soudanaise devenue sainte, est encore peu connue en Occident, contrairement en Afrique. Raconter sa vie est captivant, tant son parcours terrestre est peu ordinaire, presque romanesque. Sa jeunesse est riche en événements peu communs, mais c'est la période où elle est religieuse qui est la plus importante. Son assez long parcours de 78 ans témoigne que cette humble Fille de la Charité fut un vrai témoin de l'amour de Dieu.
Hervé Roullet Auteur de la première biographie en français : Joséphine Bakhita, l’esclave devenue sainte
Hervé RoulletAuteur de la première biographie en français : Joséphine Bakhita, l’esclave devenue sainte
Le Soudan, un pays immense et mal connu. Le Soudan est un pays bien plus grand que la France ; troisième pays d'Afrique par son étendue, il fut le plus vaste jusqu’à l’indépendance du Sud-Soudan en 2011. La population comprend des Arabes et des Africains noirs. Les Soudanais bénéficient d'un magnifique pays et l’on comprend qu'en vivant au contact de telles beautés naturelles, les autochtones acquièrent l'intuition d'un Dieu créateur, d'un maître Tout-Puissant, ce qui a été le cas pour Joséphine qui, étant enfant, contemple le ciel nocturne d'une splendeur absolue. L'histoire du Soudan est riche et complexe. Vers le milieu du VIe siècle, c'est le début de l’évangélisation de la Nubie. La foi chrétienne se répand rapidement par une action missionnaire bien organisée. Mais en 1317, Dongola, la capitale de la Nubie chrétienne, tombe aux mains des musulmans. Cependant, le christianisme n’est pas vraiment anéanti. Une étincelle va jaillir dès le XVIIe siècle. Des franciscains italiens sont présents en Égypte, au Soudan ou en Éthiopie, pour amener des anciens esclaves à Rome, en vue de leur éducation. L'Église pénètre peu à peu, même si de nombreux expatriés, partis au Soudan pour évangéliser, meurent des persécutions ou de maladies tropicales.

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Bakhita, fille du Darfour.
Le Darfour, région de l’ouest du Soudan, est habité par des tribus non-arabes. Les ethnies sont soit islamisées depuis le XVIIe siècle, soit attachées à certains rites païens ancestraux, soit christianisées. Quand ils n’ont pas été réduits en esclavage, de nombreux aborigènes ont essaimé au loin pour subsister. Ils utilisent l'arabe comme langue officielle, langue religieuse et langue de l’enseignement, mais ils ont gardé leur culture propre. Bakhita (« la chanceuse », comme on la surnomma à partir de ses neuf ans ; le traumatisme de l’esclavage lui fit oublier son prénom originel) est née en 1869 à Olgossa, dans la montagne. Elle se souvenait bien de son village : des palmiers, des bananiers et d'énormes baobabs les protégeant contre les rayons du soleil ; des fleurs avec de grandes pétales aux couleurs vives. Autour, une vaste plaine. Sa famille est aisée et assez nombreuse : trois fils, une fille déjà mariée et mère d'un enfant et Bakhita elle-même. Son père est même le frère du chef du village. Le village de Bakhita est animiste. L'animisme attribue à tout objet une présence mystérieuse et puissante qui dépasse les hommes. Bakhita est imprégnée de cette ambiance mais, à cause de son jeune âge, elle n'a reçu aucune initiation religieuse. Elle dit cependant « n'avoir jamais adoré d'idoles », et qu'elle aurait beaucoup moins souffert si, pendant son long esclavage, elle avait connu le vrai Dieu.

Une enfance pleine de rudes épreuves.
En 1874, alors qu'elle n'a que cinq ans, sa sœur aînée est enlevée par des pillards qui ont aussi saccagé le village. En 1878, Bakhita, à l’âge d’environ neuf ans, est enlevée à son tour. Elle a pour destination Taweisha, centre de regroupement d’esclaves, situé à 180 km à vol d'oiseau de son village natal. Finalement, ils arrivent au marché des esclaves et sont introduits dans une pièce. Bakhita attend son tour avec sa consœur du nom de Binah. Un jour, elle s’enfuit avec Binah, mais elles sont reprises puis vendues à un marchand d'esclaves de passage qui les mènent, avec d’autres, à El Obeid, la capitale du Kordofan, centre caravanier sur la route menant du Tchad à la Mer Rouge. C'est alors que, comme au marché à bestiaux, le maître, maquignon pour humains, arrive, accompagné par le chef de la caravane, et son regard d'expert toise ces malheureux. Bakhita et Binah sont conduites chez le chef des Arabes. C'est un homme très riche, ayant déjà de nombreux esclaves, tous jeunes. Elles sont achetées et mises au service de ses deux filles. L'intention du maître est de les offrir à son fils, lorsqu'il se mariera. Ce dernier la traitera avec une telle brutalité qu’elle va rester près d'un mois sans pouvoir bouger. Trois mois plus tard, en 1879, alors qu'elle a dix ans, elle est vendue à nouveau, à un général de l'armée turque qui ne sera guère plus humain... C'est à cette époque que Bakhita subit les grandes douleurs de la torsion des seins et du tatouage.


Vers la lumière.
Puis Bakhita est rachetée par le consul d’Italie Callisto Legnani. Nous sommes en 1883. Ce n'est pas encore la liberté totale, mais une évolution radicale : « Je n'étais pas encore libre, mais les choses commençaient à changer : finis les fouets, les punitions, les insultes, bref, les dix ans de traitement inhumain. » Durant deux ans, Bakhita aide la femme de chambre, en vivant une vie normale et, en 1884, elle part pour l’Italie. Le consul Callisto Legnani « fait cadeau » de la jeune fille au couple Michieli (Augusto et Maria). Elle suit alors sa nouvelle « famille » à son domicile de Zianigo (hameau de Mirano Veneto, près de Venise) et, pendant trois ans, elle occupe la fonction de gouvernante. Elle découvre que les Italiens ne volent pas les enfants pour les vendre et les réduire en esclavage. Bakhita est non seulement correctement traitée, mais bien logée ; elle dispose d'une chambre spacieuse, avec des fleurs devant la fenêtre. Elle joue le rôle de nounou à l’égard de la fille des Michieli dénommée Mimmina.


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La rencontre avec Jésus-Christ.
En 1887, Illuminato Checchini, un homme droit et au grand cœur, qui n'est autre que le gérant de Turina Michieli, lui donne un crucifix en argent. Bakhita se sent poussée à le dissimuler, de peur que Turina Michieli ne lui prenne. C’est la première chose qu’elle possède de toute sa vie. Illuminato intervient alors pour négocier l’entrée de Bakhita à l'Institut des catéchumènes et, le 29 juillet 1888, Bakhita et Alice y font leur entrée. La religieuse qui l’accueille questionne un peu Bakhita : « Voulez-vous connaître Dieu ? », et devant un oui enthousiaste et deux fois répété, sa formation va pourvoir commencer. Elle sera transportée par la vie de sainte Madeleine de Canossa, fondatrice des Filles de la Charité Canossiennes. Elle aussi veut s'occuper des pauvres, faire connaître Jésus-Christ...


La décision de sa vie.
Une fois revenue de son voyage à Suakin (Soudan, sur la Mer Rouge), Maria Turina vient tout naturellement récupérer Bakhita et Alice, en vue de repartir pour l'Afrique. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, et Bakhita va montrer sa forte personnalité, dès lors qu'il s'agit de répondre à l'appel du Seigneur. Elle refuse de suivre Turina Michieli en Afrique ; elle explique elle-même les raisons de son attitude : « Je refusai de la suivre en Afrique, parce que je n’avais pas terminé la préparation au baptême. Je pensais aussi qu’une fois baptisée, je n’aurais pu, en aucun cas, y professer ma religion. Il me convenait donc de rester avec les religieuses. » Madame Michieli fait alors intervenir ses relations, et menace aussi les pauvres sœurs de se plaindre de leur attitude à la supérieure générale de la congrégation. C'est le Procureur du roi qui tranche définitivement le débat : « N'oubliez pas, Madame, que nous sommes ici en Italie où, Dieu merci, l'esclavage n'existe pas. Seule la jeune fille peut décider de son sort avec une liberté absolue. » Nous sommes le 29 novembre 1889, Bakhita est dans sa vingtième année et elle peut rester au Catéchuménat. C'est ce jour qui marque son affranchissement officiel et définitif.


Baptisée, puis religieuse.
Vers la fin de 1889, son instruction religieuse est achevée et, le 9 janvier 1890, Bakhita reçoit le baptême des mains de Mgr Domenico Agostini, cardinal-archevêque de Venise. Elle est également confirmée et communie pour la première fois. Elle s’appelle désormais Joséphine (Giuseppina, en fait, Gioseffa) du nom de sa marraine de baptême. Elle garde aussi les prénoms de Fortunata et Bakhita, et reçoit, en plus, celui de Marie (Maria) pour se mettre sous la protection de la Sainte Vierge. Revêtue du vêtement blanc de son baptême, elle fait d'ailleurs ce même jour sa consécration à Notre-Dame, et reçoit la médaille et le ruban bleu des Filles de Marie. Sa dévotion à la Sainte Vierge est grande : « La Sainte Vierge m'a protégée, même quand je ne la connaissais pas. Même au fond du découragement et de la tristesse, quand j'étais esclave, je n'ai jamais désespéré, parce que je sentais en moi une force mystérieuse qui me soutenait. » Peu à peu, grandit en elle le désir de devenir religieuse. Est-ce possible ? La Mère supérieure, Anna Previtali, ne s’y oppose pas : « Ni la couleur de la peau, ni la position sociale ne sont des obstacles pour devenir Sœur. » Le 7 décembre 1893, elle entre au noviciat, dans la maison des catéchumènes de Venise et, un an et demi après, le 21 juin 1895, le jour de la fête du Sacré-Cœur, c'est sa prise d'habit. Le 8 décembre 1896, à Vérone (Vénétie), elle prononce ses premiers vœux dans la maison même où la fondatrice, Madeleine de Canossa, a vécu. Elle reçoit aussi la médaille de Notre-Dame des douleurs.


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Les années de témoignage missionnaire.
En 1902, Joséphine est transférée de l'Institut des catéchumènes de Venise à la maison de Schio (au nord-est de Vérone). Contrairement à la première période de sa vie, les jours de Madre Moretta (mot à mot « la petite Mère noire »), comme beaucoup l'appellent désormais, s'écoulent au rythme de la prière et de la règle. D’abord étonnés, les habitants lui font vite un accueil cordial et s’attachent chaque jour davantage à elle, pour son sourire, son accueil et sa foi. Les enfants, par contre, ne se privent pas de taquiner cette religieuse différente des autres, parce que noire et, pour les apprivoiser, les enseignants n'hésitent pas à raconter son histoire peu commune, pour imposer le respect à son égard. Lorsqu'on lui demande de travailler comme aide-cuisinière, travail humble, elle s'engage à fond pour l'accomplir, avec joie et humilité. Elle agit avec une telle conscience et un tel amour, qu'une Sœur fera d'elle ce compliment qui en dit long : « Même à la cuisine, elle se comportait comme à l'église. » Elle est nommée cuisinière principale en 1907, ce qui témoigne de la qualité de son travail. En 1910, la Mère Fabretti fait écrire à Teresa Fabris l'histoire que Joséphine lui raconte. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, elle montre un dévouement extrême, car la maison est utilisée comme hôpital militaire.


Une portière peu banale.
Après la guerre, en 1922, Joséphine souffre d’une pneumonie, qu'elle parvient à surmonter, tout en gardant des séquelles. Une nouvelle fonction lui est alors attribuée : la conciergerie ; elle est portière, comme disent les Sœurs. Cette attribution est fort bien accueillie par les jeunes filles de l'école, ravies d'apercevoir la Sœur Moretta en arrivant. Elle fait merveille, grâce à sa simplicité et sa gentillesse. Le 1er août 1927, elle prononce ses vœux perpétuels dans la chapelle de la rue Mirano, à Venise. En 1930, Ida Zanolini s'entretient avec elle à Sant’Alvise, à la demande de la supérieure générale Maria Cipolla. Ida Zanolini écrit alors, à partir de ces entretiens, un livre qui fera référence sous le titre d'Histoire merveilleuse.


Missionnaire improvisée en tournée.
Avant la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1933, la Mère supérieure envisage de sensibiliser les Italiens aux missions et désigne Mère Leopolda Benetti pour cette mission. Joséphine est alors pressentie pour l'accompagner. En 1935, commence pour elle une vie de fréquents déplacements. Plus tard, elle confiera que ce fut une grosse épreuve de se faire voir et de parler en public, pire encore, de monter sur la scène. Elle n'hésite pas à dire avec son humour habituel : « Ils veulent voir la belle bête ! » ; ou, quand on lui demande de faire la promotion du livre qui racontait sa vie pour obtenir quelques ventes : « Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut m'acheter pour quelques lires ? »


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La dernière étape.
La région de Vérone se trouve mêlée aux événements de la Seconde Guerre mondiale à partir de 1943. Joséphine incite les militaires à garder leur âme du péché. Ils écoutent ses exhortations avec révérence. Elle insiste sur la confession pour obtenir le pardon de Dieu. Cette triste période est marquée aussi, pour Joséphine, par une chute accidentelle, en 1942 ; désormais, il lui faut marcher avec une canne. Pour ses cinquante ans de vie religieuse, le 8 décembre 1943, une foule nombreuse veut lui manifester son affection. Quelque temps après son jubilé, sa santé décline encore. Elle a désormais besoin d'un fauteuil roulant. Elle dit un jour une parole sublime : « Je suis sur le Thabor, pas sur le Calvaire. » Autrement dit, la Croix de Jésus porte sa propre glorification, c'est la Croix glorieuse. Durant ces longues heures d'immobilité, elle prie beaucoup. Elle égrène si souvent son chapelet qu'une sœur lui demande : « Combien avez-vous récité de chapelets aujourd'hui ? » « Je ne sais pas, le Maître les compte, et la Sainte Vierge l'aide à les compter, parce que le chapelet appartient à Notre Dame. »


Comme elle médite sur la miséricorde et la justice divine, elle imagine une petite scène bien touchante : « Je m'en vais tout doucement vers l'éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son ordonnance. Je m'en vais avec deux valises. L'une contient mes péchés, l'autre, bien plus lourde, les mérites infinis de Jésus-Christ. Que ferai-je devant le tribunal de Dieu ? Je couvrirai ma vilaine valise avec les mérites de la Vierge Marie, puis j'ouvrirai l'autre, je présenterai les mérites de Jésus et je dirai au Père Éternel : « Maintenant, jugez selon ce que vous voyez. » Je suis bien certaine de n’être pas renvoyée ! » En décembre 1946, les troubles de santé laissent présager une fin prochaine. Mère Clotilde Sella se souvient : « (…) quand je lui rappelle que nous étions samedi, jour dédié à la sainte Vierge, Mère Joséphine s’exclame avec joie : Comme je suis heureuse... ! Madonna ! ... Madonna ! » Ce sont là ses dernières paroles intelligibles. Nous sommes le 8 février 1947.

Après sa mort.
Elle avait dit à plusieurs reprises que, quand elle serait morte, « elle ne ferait peur à personne ». En effet, après sa mort, tous les enfants s'approchent de son corps sans la moindre appréhension, car elle semble sourire à tous. Sans que cela ne constitue un critère de sainteté, les observations effectuées après sa mort ont émerveillé les témoins. Et pourtant son corps a beaucoup souffert : de la maladie bien sûr, mais aussi des maltraitances de sa jeunesse. Le mardi 11 février, l'archiprêtre de la cathédrale célèbre la messe dans l'église de l'Institut, puis le corps de Joséphine est conduit au cimetière de Schio dans le tombeau de la famille Gasparella, en signe de reconnaissance envers la défunte. Le 1er décembre 1978, Jean-Paul II signe le décret d’héroïcité de ses vertus et, le 17 mai 1992, il la déclare bienheureuse. Il a encore la joie, en 1995, de déclarer Joséphine Bakhita Patronne du Soudan, et surtout de la canoniser à Rome, le 1er octobre 2000. Elle est fêtée le 8 février, jour de son rappel à Dieu. Après sa mort, beaucoup de personnes demandent à Joséphine d'intervenir pour obtenir des grâces. Ils prient là où ils sont, ou devant la châsse où son corps est conservé, sous l'autel central de la chapelle de la sainte Famille à Schio.


S'il est vrai qu'après sa mort, elle a obtenu grâces et miracles, le miracle le plus grand, c'est peut-être elle-même : sa fidélité silencieuse et discrète, sa confiance sans bornes, qui se résume à cette phrase que l’on peut conserver comme mot d'ordre : « Comme veut le Maître. » Joséphine Bakhita est devenue la patronne des chrétiens opprimés.
Compléments
Sources documentaires

3 propositions pour construire l'avenir

Les 3 propositions que Hervé Roullet a faites le samedi 21 avril 2018.

Engagement

Je réfléchis à mes
propres esclavagismes. 

Je m'engage

Formation

Pourquoi parler de néocolonialisme ?
Découvrez la réponse de Marguerite A. Peeters.

Je me forme

Prière

Je récite avec ferveur
la prière de Bakhita.

Je prie